Fraxinus excelsior
Le frêne commun ou frêne élevé (Fraxinus excelsior L., 1753) est un grand arbre commun des forêts d'Europe à bois clair dur et élastique de la famille des Oléacées.
Grand frêne, frêne à feuilles aiguës, quinquina d'Europe, langue d'oiseau ;
anglais: ash tree ; allemand : Esche ; breton : onn ; néerlandais : es ; norvégien : ask ; espagnol : fresno ; italien : frassino ; occitan : fraisse ; portugais : freixo.
Selon World Checklist of Selected Plant Families (WCSP) (19 mars 2012)[1] :
De son côté, NCBI (19 mars 2012)[2] ne reconnaît pas encore la sous-espèce siciliensis.
Le frêne élevé est un grand arbre, pouvant aller jusqu'à 45 m de hauteur[3], à tronc droit à écorce lisse et grisâtre, se crevassant avec l'âge. Le bois est assez dur, tenace, élastique, couleur blanc nacré, sans aubier distinct.
Ses feuilles sont opposées, composées imparipennées portant 7 à 15 folioles dentées, couleur vert foncé. Il existe cependant une variété 'Monophylla' à feuilles entières ou, parfois, à 3 folioles seulement. On observe, par de chaudes journées d'été, la présence de miellat sur les folioles. Il est possible de fabriquer[4] grâce à ce miellat une boisson fermentée connue sous le nom de frênette : très légèrement alcoolisée et pétillante, cette boisson possède les propriétés médicinales du frêne (anti-inflammatoire, antalgique, anti-oxydante)[5].
Les bourgeons terminaux assez gros, de forme pyramidale, glabres, sont d'un noir velouté[6].
Les fleurs sont nues (sans enveloppes), insignifiantes, de couleur tirant sur le rouge ; elles comportent seulement deux étamines ou un stigmate bifide. L'inflorescence est une panicule. Les sexes sont généralement séparés (plante dioïque) mais on trouve des individus monoïques. La floraison a lieu en avril-mai dans l'hémisphère nord. La pollinisation est anémogame. La production de pollen abondante peut-être une cause d'allergie.
Les fruits sont des samares aplaties, indéhiscentes, munies d'une aile membraneuse allongée. Comme pour toutes les samares, la dissémination des fruits se fait en partie par l'action du vent.
Le frêne est un arbre qui affectionne les conditions hygrosciaphiles des versants ombragés. Il craint les gelées printanières. C'est une essence héliophile ou de demi-ombre[7].
Cette essence de lumière, à croissance rapide (10 m en 20 ans au stade juvénile [8]), est très résistante au froid ; elle craint cependant les gelées tardives, qui peuvent tuer les bourgeons terminaux.
C'est un post-pionnier nomade. Il rejette de souche [9] et drageonne parfois [10]. Son couvert[11] est léger.
En forêt, le frêne élevé se trouve souvent en mélange, par exemple avec l'aulne glutineux (Aulnaie-Frênaie), avec le chêne pédonculé ou autres arbres à feuilles caduques. En plaine, c'est le compagnon du chêne surtout pédonculé, du hêtre et du charme. En montagne, il se mêle au hêtre et au sapin [8].
Les frênes sont étonnants par la grande latitude de leur tolérance écologique. On les trouve au bord de la mer, en montagne jusqu'à 1500 m ou en plaine [12]. Il préfère les terrains frais, en fond de vallées, et même si on le trouve sur une grande variété de sols, il montre une préférence pour les sols calcaires ou peu acides. Il existe des forêts en peuplement pur, notamment en Belgique dans le Condroz. Son aire de répartition est eurasiatique, Europe et Asie occidentale (Iran, Caucase, Russie), à l'état disséminé, pas en peuplements denses. Il est peu fréquent en zone méditerranéenne.
C'est une espèce sensible à la sécheresse, et sa régénération est influencée par des perturbations naturelles (ou parfois anthropiques) telles que les inondations ou baisses de nappe phréatique superficielle. Une étude faite dans l'Ain en France a comparé la croissance de frênes sur de 20 placettes situées dans deux contextes géomorphologiques très différents, en utilisant des mesures dendrochronologiques pour évaluer leur croissance et âge. La régénération du frêne a aussi été quantifiée dans chaque parcelle. L'étude a montré d'importantes différences de croissance ou régénération, corrélées à la disponibilité en eau. Le drainage, comme l'atterrissement ou l'envasement de zones humides est un facteur explicatif de certains échecs de régénération ou d'une baisse de croissance[13].
En association avec le chêne, le frêne forme des futaies appelées « chênaies-frênaies ».
Le frêne, comme l'érable, a une stratégie de croissance et de captation de la lumière typique d’essence de trouée, qui le rend également adapté aux systèmes bocagers. Plus la lumière est disponible, plus il croît vite et de manière importante. Il peut, comme le hêtre ou le sapin, fortement réduire sa croissance quand il manque de lumière et ainsi attendre longtemps le retour d'une situation plus ensoleillée[14].
Outre les bois frais, on le trouve en bord d'eau, les versants ombragés, accrus, au milieu des bois et surtout dans les haies[10].
On le traite en taillis ou en taillis sous futaie où il forme une bonne réserve. Jusqu'à 60 ou 80 ans, il avait plus de valeur que le chêne[10].
Il a un des systèmes racinaires les plus développés des arbres indigènes[15]. Par son enracinement diffus et grand colonisateur de sol, il est capable de rivaliser avec le hêtre. Il empêche tout arbrisseau de se développer à son contact[16].
Le semis est la seule méthode de multiplication. Il est souhaitable de le semer en place pour la vigueur de l'arbre. Pendant cinq ans il développe surtout ses parties souterraines, puis il s'élève avec vigueur et conserve cet élan pendant plusieurs années[8].
Arbre d'alignement, le frêne est aussi un arbre d'ornement, avec de nombreuses variétés, à feuillage panaché, à rameaux jaunes, à port pleureur ou fastigié, naine…
Le frêne est très utilisé comme essence de reboisement à utiliser dans les meilleurs sols, riches, profonds et frais, les fonds de vallon notamment ; il prospère bien en peuplement mélangé, en compagnie du merisier, de l'érable sycomore ou de l'érable plane.
Les frênes sont très exigeants à la plantation. Il faut particulièrement soigner le travail du sol, le paillage du sol et l'alimentation en eau. Sensible au gel précoce, il faut le suivre les dix premières années afin d'éviter les fourches qui se forment automatiquement[17].
Il donne un bois clair, souple et résistant; il est recherché pour certains usages en raison de sa résistance à la flexion et aux chocs : manches d'outils, outils en bois (râteaux), cannes et bâtons (de hockey notamment), charronnage, carrosserie… les meilleurs exemplaires fournissent un bois de déroulage utilisé en placage. À défaut, c'est un excellent bois de chauffage.
Blanc, légèrement rosé et nacré, flambé de brun au coeur, assez dur, très tenace et très élastique[18].
Le feuillage peut servir à la nourriture des animaux de ferme. Les caprins, les ovins, les équidés et les bovins en sont très friands (feuillage très appétant). C'est aussi le cas des cervidés qui occasionnent aux jeunes plants forestiers de fréquents abroutissements.
On voit encore dans nos montagnes des rideaux de frênes plantés pour l'émonde. C'est un aliment pour bétail au moins égal à la meilleure luzerne[8].
Les feuilles sont inscrites à la pharmacopée française. Avec le tilleul et le bouleau, le frêne (Fraxinus excelsior) est l'un des arbres médicinaux les plus utilisés. Son écorce et ses feuilles ont des vertus diurétiques et anti-inflammatoires contre la goutte et les rhumatismes.
Les feuilles de frêne sont riches en rutoside, en hétérosides coumariniques et en tanins[19]. Toutefois, elles pourraient devoir leurs propriétés diurétiques à leur richesse en sels de potassium[20]. Une revue de synthèse de 2007, a classé le frêne parmi les plantes médicinales aux propriétés diurétiques les plus prometteuses[21]. Ses propriétés anti-inflammatoires ont également été confirmées scientifiquement[22],[23].
En médecine populaire, elles sont réputées diurétiques et laxatives (en tisane), mais également anti-inflammatoires et antirhumatismales. L'écorce aurait une action tonique et fébrifuge. L'infusion de feuilles (5 g pour 1/4 litre) est diurétique et laxative.
Plusieurs maladies et parasites s'attaquent au frêne commun et de nombreux insectes et acariens lui sont inféodés[25].
Au tournant du XXIe siècle, de nouveaux fléaux peuvent toucher le frêne, probablement du fait des échanges commerciaux internationaux, et peut-être en raison d'une tendance au réchauffement climatique et à la culture de clones à diversité génétique plus faible.[réf. souhaitée]
Très sensible aux gels tardifs (ce qui explique les fourches fréquentes, par suite de destruction du bourgeon terminal). Diverses nécroses du tronc et gélivures (fente du tronc dû au froid).
Redoutable maladie, le chancre bactérien du Frêne est provoqué par une bactérie : Pseudomonas syringae. Elle s'attaque aux arbres dans de mauvaises conditions et affaiblis. Une fois atteint l'arbre meurt en 2 à 3 ans.
Un insecte coléoptère d'origine asiatique l'Agrile du frêne (Agrilus planipennis), de la famille des buprestidae, s'est répandu aux États-Unis, en Ontario et depuis 2008 au Québec depuis sa découverte en 2002, obligeant à des abattages sanitaires.
Le frelon est un ennemi potentiellement dangereux pour le frêne. Cet insecte occasionne des plaies à l'arbre pour se nourrir de la sève. Il utilise également les fibres de son bois pour l'édification des nids. Pour le frêne, casses, déformation et pourritures sont peut être à déplorer[26].
Le cœur noir du frêne est une variation négative du bois qui touche les sujets matures, surtout dans les terrains très humide et argileux[26] . Les stations impactées peuvent aussi être moins bien adaptées à la culture du frêne. Bien que les propriétés du bois sont conservées, l'aspect esthétique est déprécié par la coloration inhabituelle. Pour l'éviter, l'exploitabilité de l'arbre doit se situer aux environs des 60 ans. Le manque d'eau peut aussi provoquer cette anomalie dans le bois [27].
Une autre maladie, émergente, est provoquée par une ou plusieurs sous-espèces d'un champignon ; Chalara fraxinea, hyphomycète isolé sur des brindilles et branches malades mais aussi dans les racines mortes de frênes attaqués et encore vivants, responsable de la Chalarose du frêne[28]. Cette maladie semble avoir émergé au début des années 1990 en Europe de l’Est et du Nord (d'abord repérée au début des années 1990 en Pologne). D'après de récentes études[29], le téléomorphe de cette espèce est Hymenoscyphus albidus.
De 1990 à 2008, la maladie a été repérée en Autriche[30],[31], Finlande, Allemagne[32], Hongrie[33], Lituanie, Norvège[34], Pologne[35], Suède et sur la base des symptômes, au Danemark[36], en Estonie, Lettonie et Suisse[37]) et elle progresse vers l'Europe de l'Ouest, puisque détectée par l'ONF de Vesoul en France à l’automne 2008 chez des peuplements malades dans plus de 80 communes de Haute-Saône[38].
En Belgique, le DNF et laboratoire de mycologie du Centre de recherches agronomiques (CRA) de Gembloux assurent une veille sanitaire. Des experts craignent que ce champignon puisse aussi s’attaquer ensuite à d’autres essences. Il infecte l'arbre et provoque notamment le dessèchement puis la mort des rameaux de un ou deux ans (juste avant le débourrement ou durant les sécheresses estivales). La base des rameaux morts ou latéraux présente généralement d'abord des nécroses corticales (sans exsudats) qui s’étendent ensuite aux branches des couronnes (avec descente de cime) puis au tronc pour former des faciès chancreux. Le bois attaqué devient gris[39]. Un développement anarchique de pousses épicormiques est parfois constaté (à partir de bourgeons dormants).
Dans les zones touchées par la maladie, les experts recommandent de ne transporter que du frêne bien sec[40]. On manque encore de données précises sur la pathogénicité de ce champignon, des causes qui facilitent l'infection du frêne (le gel et/ou les sécheresses pourraient le favoriser). En 2007, le frêne élevé était touché, mais aucune donnée n'était disponible sur la sensibilité à ce parasite pour d'autres espèces de Fraxinus. Selon l'EPPO, les plants de pépinières et le transport de bois contaminé semblent expliquer la propagation de la maladie sur de longues distances[41]. La maladie est souvent chronique, et parfois mortelle pour l'arbre. Ces dépérissements ont été observés en forêt, mais aussi en ville (parcs et jardins) et en pépinières.
Une étude danoise (2007 à 2009, publiée en 2012[42]) a montré que selon les souches génétiques, le frêne y est plus ou moins sensible, le degré de vulnérabilité des clones testés (une trentaine) par une étude était fortement corrélé à la sénescence des feuilles en automne (plus précoce chez les clones plus sains).
Voir des photos illustrant les symptômes visibles de cette maladie
En France, de nombreuses communes portent un nom qui se réfère au frêne :
Dans la mythologie scandinave, l'axe et support du monde est un frêne géant nommé Yggdrasil. Le culte scandinave dédiait cet arbre à Odin, roi des cieux, et lui accordait des pouvoirs surnaturels.
Dans la mythologie grecque le frêne est né des éclaboussures de sang qui sont tombées au sol quand Cronos a coupé les parties génitales d'Ouranos. Plus tard, quand Zeus s'est essayé à donner naissance à l'homme, c'est du frêne que sont nés une sorte d'humains particulièrement violents qui ont passé leur temps à se battre entre eux et à se détruire.
Le genre Fraxinus comporte une soixantaine d'espèces, dont :
Fraxinus excelsior
Le frêne commun ou frêne élevé (Fraxinus excelsior L., 1753) est un grand arbre commun des forêts d'Europe à bois clair dur et élastique de la famille des Oléacées.